L’épidémie de COVID-19 au Cambodge au 20 avril
La situation sanitaire est sous contrôle à ce jour. Grâce à des décisions prises dès février. Mais en incitant la population à s’opposer à certaines mesures prises par le gouvernement, les ONG locales de droits de l’Homme, poussées par l’Occident, ont pris le risque de favoiriser une diffusion de l’épidémie.
Les ennemis habituels du Cambodge, ceux qui en Occident ne supportent pas que le pays soit gouverné par quelqu’un qui n’est pas leur marionnette, se servent aujourd’hui de l’épidémie de COVID-19 pour salir une nouvelle fois un pays dont ils s’efforcent d’oublier – quand certains s’emploient à la nier – qu’il fut, il y a moins d’un demi-siècle, la victime d’une des plus grandes tragédies du XXe siècle.
Dès janvier, le monde était informé par la Chine de ce qui se développait à Wuhan. Sans doute, la Chine aurait-elle pu informer dès décembre. Mais soyons de bon compte, surtout quand on observe l’incrédulité des Occidentaux en janvier, se rendait-on compte à Wuhan ou à Pékin des dangers majeurs de ce virus ? On peut en douter puisqu’ils s’en sont pris au médecin qui révélait ces dangers.
Sans tarder, le gouvernement cambodgien a commencé à informer la population des précautions à prendre. Comme partout en Asie, nombreux sont ceux – surtout parmi la jeunesse urbaine qui redoute la pollution – qui portent des masques. Expliquer qu’il s’agissait d’une sage mesure de prudence ne fut pas très difficile à convaincre. Dès que le gouvernement décida de fermer tous les établissements d’enseignement et conseilla le télétravail à tous ceux qui étaient équipés pour y procéder, les masques et le gel furent accessibles partout et même distribués gratuitement.
C’est en mars que les 4 premiers cas furent identifiés. Trois touristes étrangers et un Cambodgien rentrant de France. Le nombre de cas est resté inférieur à 10 jusqu’au retour de 76 Cambodgiens de confession musulmane qui venaient de participer à des cérémonies religieuses en Malaisie. Il s’est avéré au bout de quelques jours qu’ils sont rentrés tous infectés. Mais il a fallu du temps pour les identifier et ceux avec qui ils avaient été en contact. Ce fut long et pénible car certains refusaient de se laisser tester. A partir de ce moment-là, le nombre de cas identifiés a dépassé 90. Il est aujourd’hui de 122. Mais depuis, 107 sont rétablis. Tous ont été soignés gratuitement dans les hôpitaux du pays. A ce jour, il n’y a pas eu de décès. L’épidémie est restée jusqu’aujourd’hui, un phénomène extérieur. L’écrasante majorité des 122 cas sont des étrangers ou des Cambodgiens rentrés de l’étranger. Il n’y a pas, jusqu’à preuve du contraire, de foyer national d’infection.
On teste entre 300 et 500 personnes par jour. Les tests sont analysés par l’Institut Pasteur du Cambodge. A la date d’hier, 9742 tests avaient été effectués.
La grande crainte est venue des fêtes du Nouvel An Khmer qui, normalement durent une semaine. Nombreux sont les citadins qui retournent dans leur famille, à la campagne. Des milliers de travailleurs cambodgiens qui ont trouvé un emploi en Thaïlande rentrent pour l’occasion au pays.
Un grand brassage de populations était redouté. Cela a incité le gouvernement à proposer au Parlement une loi sur l’état d’urgence inexistante jusqu’ici. Mais le respect des procédures constitutionnelles n’a pas permis que celle loi soit applicable à ce jour. Aussi, le gouvernement a pris des mesures dans le cadre des lois existantes pour limiter ce brassage. Il a annulé toutes les fêtes officielles et a interdit les fêtes religieuses (ce qui au Cambodge est très mal vu). Il a reporté à une date ultérieure les 5 jours de congé officiels. Il a interdit les déplacements de province à province. Les nationaux rentrant de Thaïlande ont été testés aux postes de frontière officiels. Mais il y a d’autres passages possibles de la frontière qui ne sont pas contrôlés. Aucune mesure rendant punissables les violations des décisions prises n’a pu être décidée faute de cette loi sur l’état d’urgence.
Au cas où l’épidémie se répandrait, 3000 lits d’hôpitaux sont prêts dans l’ensemble des provinces. A Phnom Penh, outre les hôpitaux existants, le gouvernement a réquisitionné un hôtel 5 étoiles qui vient de fermer.
Comme on le voit, les mesures préventives ont été prises. A temps.
Maintenant, les autorités retiennent leur souffle. Il faut attendre une dizaine de jours pour vérifier que l’épidémie ne s’est pas répandue à l’occasion du Nouvel An Khmer, car beaucoup de gens n’ont pas respecté les interdits. Les Cambodgiens aiment se retrouver autour d’une table pendant des heures à l’occasion de ce genre de fêtes. Et le fait que, jusqu’ici peu, de gens aient été infectés et qu’il n’y ait pas eu de décès, n’a pas incité à la prudence. Même si dans les villages, la devanture de chaque maison est désormais équipée d’un épouvantail pour retenir le virus à l’extérieur….Le bouddhisme cambodgien, on le sait, est fortement imprégné d’animisme.
Evidemment, l’ONG américaine Human Rights Watch en tête, toujours prête à relayer le Département d’Etat US, les ONG et institutions internationales des droits de l’Homme, avant même que le projet de loi sur l’état d’urgence ait été adopté par les deux chambres du Parlement, avant même qu’il ait été validé par le Conseil constitutionnel et promulgué par le Roi, se sont empressés de faire, comme à leur habitude, le procès d’intention d’un usage abusif de cette loi …inexistante.
Le drame, c’est qu’elles ont été relayées par les ONG cambodgiennes de défense des droits de l’Homme. Elles ont incité de la sorte à ne pas croire le gouvernement sur les précautions à prendre. Des manifestations ont eu lieu, sur la base de leurs déclarations, pour protester contre les mesures prises pour la semaine du Nouvel An Khmer.
Les gouvernements occidentaux et les institutions internationales toujours enclins à écouter par priorité ces ONG feraient bien de mesurer leur irresponsabilité dans une situation de crise sanitaire grave que les autorités cambodgiennes tentent désespérément de contenir.
S’il apparaît dans une dizaine de jours que l’épidémie s’est développée, ces ONG porteront une responsabilité majeure pour avoir incité les Cambodgiens à désobéir aux mesures de prudence sanitaire.
Par Raoul Marc Jennar – Mediapart – 20 avril 2020
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