Thaïlande : le secteur du tourisme est à genoux et attend désespérément une ouverture
La Thaïlande dont l’économie dépend en grande partie du tourisme n’a pas annoncé de date d’ouverture de ses frontières pour les voyageurs étrangers. Le pays qui n’a enregistré que 58 décès dus au covid fait face à la frilosité de sa population et la peur de voir se propager le virus.
De leurs côté, les professionnels du tourisme locaux, en grande difficulté, mettent la pression sur le gouvernement pour voir le bout du tunnel. Ils ont proposé un protocole pour une ouverture en octobre de Phuket, qui est loin de satisfaire les réceptifs que nous avons contacté. En attendant, entre crainte et nécessité économique, les autorités jouent la montre…
Les professionnels du tourisme thaïlandais ne voient pas le bout du tunnel.
L’épidémie de la Covid-19 a mis à genoux le secteur, dont les revenus comptent pour environ 12% du PIB (voire jusqu’à 20% selon les sources et les comptages).
Pourtant le pays, à l’instar d’autres voisins d’Asie du Sud-Est, a eu une gestion exemplaire de la crise. Peu de cas (près de 3 400) et seulement 58 décès.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a d’ailleurs désigné cet été deux bons élèves dans la lutte contre la Covid-19 : la Nouvelle-Zélande et la Thaïlande.
Et c’est par peur de voir se propager le virus que les autorités thaïlandaises sont plus que frileuses pour envisager une ouverture des frontières aux voyageurs étrangers.
Contactés par nos soins, Olivia Calvin, directrice commerciale de Climats du Monde, et Guillaume Linton, PDG d’Asia, n’ont pour l’heure aucune information sur l’ouverture éventuelle du pays. Aucune nouvelle officielle non plus du côté de l’Office du tourisme de Thaïlande.
Une situation alarmante pour les professionnels thaïlandais
Et pourtant dans la presse locale ces derniers jours, les professionnels du tourisme thaïlandais tentent de mettre la pression sur le gouvernement.
Car la situation est plus qu’alarmante, selon Jean-Louis Portenseigne, CEO et fondateur d’Asian Horizon. « De nombreux tour-opérateurs qui ont leur siège à Bangkok, connus et importants en taille, avec plus de 20 ans d’existence, ont déjà dû fermer et cesser définitivement leur activité, en juillet dernier.
Les autres TO/réceptifs qui tiennent encore sont sur la brèche car aucune aide n’a été mise en place pour soutenir l’activité, à part quelques mesurettes, mais rien d’équivalent par rapport à la France, l’Allemagne, l’Angleterre, etc.
L’un des tous premiers voyagistes en taille, implanté en Thaïlande, Diethlem Travel, affirme que pour les réceptifs, tenir plus de 6 mois sans revenu n’est ni possible, ni sérieux, car les pertes financières engendrées demanderaient 3 années de recettes (sans autre crise) pour être compensées… » (Lire)
« Nous n’avons pas eu un seul client depuis mars » déplore Claude Domont, directeur de Siam Panoramic. « C’est une catastrophe, nous essayons de faire le dos rond, nous avons dû licencier tous nos employés. Je suis très pessimiste, je n’ai aucune visibilité, vous ne pouvez pas tenir sans avoir aucun client ».
Les Thaïlandais sont très frileux à une ouverture
Pour tenter un premier pas vers l’ouverture du pays, les hôteliers de Phuket ont proposé un protocole « Safe and Sealed » qui pourrait être mis en place dès octobre.
Mais celui-ci comprend de nombreuses contraintes : test PCR 72 heures avant le départ, vol direct sur Phuket, quatorzaine à l’hôtel avec possibilité de sortir dans les espaces communs ainsi que sur une plage réservée d’un à deux kilomètres, obligation de rester dans le pays 30 jours… et pour explorer d’autres régions du pays, les voyageurs devront montrer patte blanche avec deux tests PCR les 15 premiers jours et un troisième la troisième semaine.
Enfin dernière inconnue : on ne sait pas quelles nationalités pourraient être visées.
Selon Jean-Baptiste Richard, directeur général d’Exo Travel, qui suit de près la presse locale, le gouvernement aurait approuvé le protocole. Reste à connaître l’avis des autorités sanitaires. « Il y a une sorte de compétition entre les pays d’Asie du Sud-Est pour savoir qui va ouvrir en premier.
Reste que les Thaïlandais sont très frileux à l’idée d’une ouverture aux voyageurs étrangers. Des sondages ont été réalisés auprès de la population et celle-ci n’est pas encore prête ».
Un protocole « plutôt maigre » pour envisager une reprise
Pour Michel Calvet, directeur général d’Asiajet, « la Thaïlande ne sait pas vraiment quoi faire face à la pression de l’industrie du tourisme local. »
Pour lui, ce protocole est « plutôt maigre » pour envisager une reprise, voire même un voyage. « Beaucoup de questions restent sans réponses d’autant que les décisions changent chaque jour », poursuit-il.
Une vision partagée par ses confrères. Claude Domont de Siam Panoramic n’y croit pas du tout : « chaque contrainte est un frein, je ne vois pas quel voyageur va partir plus de 30 jours… Ça ne marchera jamais ».
Jean-Louis Portenseigne, CEO et fondateur d’Asian Horizon, est également pessimiste : « les mesures offertes pour relancer le tourisme en octobre sur Phuket seront sans effet ».
Selon lui, les voyageurs devront également disposer d’« une garantie de capital de 100 000 dollars US plus une assurance qui couvrira leur éventuelle hospitalisation en cas de Covid ».
Dans ce marasme ambiant, Jean-Baptiste Richard d’Exo Travel tente de voir les quelques signaux faibles qui pourraient laisser entrevoir un espoir de reprise : « Emirates a annoncé la reprise de ses vols le 1er septembre. La compagnie sait-elle quelque chose que nous ne savons pas ? »
Il y a eu aussi des indiscrétions dans la presse locale sur Thai Airways qui serait prête à accepter les touristes étrangers en vol direct vers 6 pays à destination de Phuket, dont l’Allemagne, le Danemark et le Royaume-Uni… «
Le seul véritable salut : un vaccin ou un traitement efficace ?
En résumé il ne voit pas de réelle issue avant 2021. Mon sentiment c’est que les chances que les Occidentaux puissent se rendre en Thaïlande avec des restrictions sont de 25% sur le dernier trimestre 2020, 50% sur le 1er trimestre 2021, 75% sur le 2e trimestre 2021 et 99% sur le 3e trimestre 2021″.
Pour l’heure, « nous sommes en hibernation, tout peut rouvrir du jour au lendemain, mais en attendant nous sommes obligés de tenir le plus longtemps possible ».
Pour Claude Domont, le seul véritable salut passera surtout par un vaccin ou un traitement efficace, mais surtout par une inflexion de l’épidémie : « il va falloir que la situation s’améliore en France et surtout que tous les pays soient en phase en même temps… »
Par Céline Eymery – Tourmag.com – 31 Août 2020
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