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Le cardinal Bo rêve d’un futur meilleur pour la Birmanie en 2021

«Recommençons à rêver» propose l’archevêque Rangoun dans son message de fin d’année. Le cardinal Charles Bo invite à chercher de nouveaux motifs d’espérance pour l’avenir malgré «le bouleversement existentiel» lié à la pandémie de Covid-19 qui s’est ajouté aux nombreux problèmes que traversent déjà le pays.

Parmi ses motifs d’espérance, le prélat évoque la compassion dont on fait preuve les Birmans en cette année difficile que fut 2020. «Durant le confinement, notre généreux peuple s’est opposé à la perspective de mourir d’une faim chronique en partageant de la nourriture. Dans un pays aux prises avec des maladies socio-économiques préexistantes à la Covid-19, la réponse de notre peuple a été émouvante», écrit le Primat de Birmanie.

La compassion, une religion commune

Finalement, il estime que cette démarche de compassion est devenue «une religion commune» tant pour le personnel de santé dont l’engagement en première ligne a permis de contenir les cas de contamination et les décès, que pour le gouvernement qui a sur répondre à l’urgence avec «une clarté louable». Même «les armes de la guerre se sont tuent», note le prélat. Il voit en cette crise sanitaire «une occasion en or» à saisir, «pour construire une nouvelle Birmanie de justice et de paix».

Rappelant à la suite du Pape que le virus n’affectait pas tout le monde de la même manière –les personnes les plus marginalisées de la société étant les plus touchées- le cardinal Bo souligne que la «Covid est une maladie qui exige non seulement un vaccin, mais une opération chirurgicale sur notre société, sur nos priorités, sur la façon dont nous traitons les pauvres et les vulnérables», et aussi sur la façon dont nous traitons la Terre, comme en témoigne la transmission du coronavirus aux humains.

Réorienter notre boussole morale vers les pauvres et la justice

Le monde traverse «une crise existentielle où l’on entend le cri de la Terre et le cri des pauvres», et elle nous offre la possibilité de revoir nos priorités, insiste-t-il. Chaque période de bouleversement de l’ordre social est un défi, mais également une opportunité pour reconstruire «en mieux», «pour pointer notre boussole morale sur les plus vulnérables», et ainsi «réorienter l’arc de l’histoire vers la justice économique et environnementale».

Dans son message, il souligne que «même les superpuissances qui dépensent des milliards en instruments de guerre se sont rendus compte de leur folie quand elles ont compris qu’elles avaient plus de soldats que de médecins, plus de pistolets que de ventilateurs».

Construire une identité birmane respectueuse de la diversité

Pour les Birmans aussi, cette crise sanitaire est «une opportunité immanquable» afin de mettre un terme à une guerre chronique insensée, aux déplacements de population, à la pauvreté, à l’émigration forcée et aux formes modernes d’esclavage. «Le moment est arrivé de faire disparaitre toutes ces pandémies de notre histoire blessée» affirme le cardinal Bo. L’archevêque de Rangoun exhorte ainsi tous les Birmans à «rêver ensemble» à une Birmanie nouvelle, en soignant «son identité fragmentée basée sur la race, la religion et la langue (…) à travers la réconciliation», car «trop de sang et de larmes ont été versés».

Le message s’adresse en particulier aux responsables politiques birmans, leur rappelant qu’il n’existe «pas de paix sans justice» et qu’«il y a de la dignité dans la diversité». Il appelle ainsi la classe dirigeante à «respecter les droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels de chacun».

Le cardinal Bo s’adresse enfin à tous les Birmans afin qu’ils laissent derrière eux leurs cauchemars de 2020, et qu’ils s’engagent aujourd’hui à rêver une Birmanie de paix de santé et de bien-être. «Rêvons du jour où la démocratie marchera sans entrave; rêvons du jour où les religions seront des instruments de paix et de réconciliation; rêvons du jour où nous deviendrons vraiment la Terre de l’Eldorado où toutes les ressources seront partagées de manière transparente; rêvons du jour où nous ne serons plus étiquetés comme un pays sous-développé mais comme la nation la plus développée d’Asie du Sud-Est», conclut le message.

Par Liza Zengarini – Vatican News – 30 décembre 2020

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