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Le Vietnam a accentué sa répression avant le congrès du parti au pouvoir

Les dirigeants vietnamiens ont intensifié leur répression de l’opposition, selon des groupes de défense des droits civiques, des activistes et des données collectées par Reuters, alors que le Parti communiste au pouvoir se prépare à tenir cette semaine son plus important rassemblement depuis plusieurs années.

En amont du congrès du Parti communiste, rassemblement organisé tous les cinq ans pour déterminer les grandes lignes politiques nationales, les autorités ont emprisonné ces dernières années un nombre record d’activistes politiques, infligé de longues peines de prison et accru les campagnes de harcèlement en ligne contre les activistes.

Cette répression a poussé certaines ONG internationales et des élus à s’interroger sur une possible violation par le Vietnam de l’esprit d’accords commerciaux conclus avec des pays occidentaux – des accords qui ont fait du pays d’Asie du Sud-Est une puissance commerciale dans la région.

« J’ai été convoqué par la police à plusieurs reprises depuis le 9 décembre 2020 », a confié Nguyen Quand A, activiste de longue date à Hanoï, refusant de donner plus de détails en indiquant faire l’objet d’une enquête en cours.

Citant des contacts avec d’autres activistes, il a dit à Reuters que le ministère de la Sécurité a rassemblé ces dernières semaines d’autres dissidents sans leur donner de motifs. La police, a-t-il poursuivi, a alors « trouvé des raisons pour les condamner en vertu d’articles de loi pénale très flous ».

« Cela viole totalement la loi mais ils ont recourt à cela très régulièrement », a ajouté Quang. « Je leur ai dit qu’ils ne pouvaient pas me faire taire ».

Le ministère des Affaires étrangères, qui gère les demandes de la presse étrangère, n’a pas répondu à une demande de commentaire sur les arrestations d’activistes.

« PRISONNIERS DE CONSCIENCE »

En dépit d’une vaste réforme économique et d’une ouverture aux changements sociaux, le Parti communiste au pouvoir mené par Nguyen Phu Trong garde un strict contrôle des médias et tolère peu les critiques.

Le Vietnam s’est attiré ce mois-ci des critiques de la communauté internationale pour avoir condamné trois journalistes indépendants à de longues peines de prison, les jugeant coupables de diffusion de propagande contre l’Etat.

Si la Constitution vietnamienne dit protéger « la liberté d’opinion et d’expression, la liberté de la presse, l’accès à l’information, le droit à se rassembler et à manifester », la réalité est tout autre.

Les critiques publiques à l’encontre du Parti communiste ne sont pas tolérées, et les groupes prônant la démocratisation sont visés par les autorités dans une bataille dont le champ se situe de plus en plus en ligne, notamment sur Facebook, principale plateforme de l’e-commerce et de la contestation.

Un décompte effectué par Reuters sur la base d’informations rapportées par la presse officielle montre que 280 personnes ont été arrêtées pour des activités « anti-étatiques » depuis le précédent congrès du parti au pouvoir, il y a cinq ans.

Parmi celles-ci, 260 ont été condamnées, et un grand nombre d’entre elles purgent une peine d’au moins dix ans de prison. Au cours des cinq années ayant précédé le congrès de 2016, 68 arrestations et 58 condamnations avaient été rapportées.

En novembre dernier, Amnesty International a dit avoir recensé un nombre record de « prisonniers de conscience » au Vietnam depuis que l’ONG a commencé à répertorier les données en la matière en 1996.

« SIÈGE DU CONDUCTEUR »

Fin 2017, le Vietnam a dévoilé une unité militaire informatique composée de 10.000 officiers, la « Force 47 », chargée de lutter contre ce que les autorités ont qualifié d’opinions « erronées » sur internet. D’après des ONG, l’unité recrute aussi des volontaires en ligne afin que ceux-ci ciblent des opposants et des activistes.

Les autorités de Hanoï ont menacé en novembre Facebook de fermeture si le réseau social ne renforçait pas le contrôle des contenus politiques diffusés sur sa plateforme.

Aux yeux de certains, la répression est liée aux fluctuations des relations commerciales mondiales avec le Vietnam.

« Durant l’administration Obama, la pression sur le respect des droits liée aux négociations sur l’accord de partenariat commercial a aidé la cause des activistes et des opposants politiques », a déclaré le directeur adjoint de Human Rights Watch pour l’Asie. « La rapide visite du Premier ministre (vietnamien Nguyen Xuan Phuc) à la Maison blanche de Trump en 2017 a vu les droits de l’homme être complètement retirés des questions au programme », a ajouté Phil Robertson.

Selon lui, les tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine ont aussi permis au Vietnam d’occuper le « siège du conducteur » alors que les compagnies américaines et européennes cherchaient des chaînes d’approvisionnement alternatives.

L’Union européenne a eu « une grande opportunité de procéder à de vrais changements via l’accord de libre-échange conclu avec le Vietnam » mais au lieu de cela, a poursuivi Phil Robertson, l’UE s’est contentée « de vagues promesses ».

Aucun commentaire n’a été obtenu dans l’immédiat auprès de représentants de l’UE.

Par James Pearson – Reuters – 19 janvier 2021

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