Davy Chou est l’invité d’Affaires Culturelles
Protagoniste du renouveau du cinéma cambodgien, en tant que réalisateur comme producteur, Davy Chou a su s’imposer comme un passeur d’images et de mémoire. A l’occasion de la Nuit des Idées, il revient, au micro d’Arnaud Laporte, sur ses imaginaires et son parcours.
Véritable passeur, le réalisateur et producteur Davy Chou traque la présence du passé, saisit le futur tout en conjuguant le cinéma cambodgien au présent. Dans Le Sommeil d’or en 2011 puis Diamond Island en 2016, il explore la tension entre deux générations et leurs regards respectifs. Au micro d’Arnaud Laporte à l’occasion de la Nuit des Idées, Davy Chou revient sur son processus créatif et son parcours de pionnier du renouveau du cinéma cambodgien.
Exhumer un patrimoine artistique
On le connaît pour ses courts-métrages mais surtout ses deux longs,Le Sommeil d’or et Diamond Island. Davy Chou est toutefois entré dans le septième art par la porte de la production. Alors qu’il fait ses classes dans une école de commerce, il se lance dans la production de courts métrages professionnels au sein d’une association étudiante et s’initie à tous les postes. La caméra l’attire, il réalise ses premiers courts-métrages Le premier film de Davy Chou puis Expired qui le révèlent tous deux au public et fonde en 2009 avec Jacky Goldberg et Sylvain Decouvelaere la société de production Vycky Films.
D’origine cambodgienne, Davy Chou décide en 2009 de partir sur les traces de son grand-père, l’un des plus grands producteurs de l’âge d’or du septième art dans le Cambodge des années 1960. Avec l’arrivée des Khmères rouges et de Pol Pot au pouvoir en 1975, l’industrie est démantelée, le cinéma rayé de la carte, ses professionnels dénoncés comme « ennemis du peuple ». Sur le terrain, Davy Chou collecte la mémoire des rescapés et tente par là d’exhumer un patrimoine artistique oublié. Ainsi naît Le Sommeil d’or en 2011, son premier-long métrage et documentaire qui, fort de son succès public et critique, entraîne son auteur dans une tournée des festivals.
Un passeur
La transmission est une notion et un motif au cœur de l’œuvre de Davy Chou mais aussi de son parcours. Après s’être initié au cinéma au lycée, dans le cadre d’un club vidéo, il passe le relai au Cambodge. A Phnom Penh, Davy Chou crée un atelier de cinéma avec 6 universités et 60 étudiants, Kon Khmer Koun Khmer (Films khmers, jeunes Khmers), pour comprendre le rapport des Cambodgiens à l’image. En 2014, il fonde Anti-Archive avec Steve Chen et Kavich Neang, une nouvelle société dédiée à la défense de l’émergence d’un cinéma local.
En 2016, Davy Chou poursuit sa quête cinéphilique avec Diamond Island, son premier long métrage de fiction qui raconte la mutation d’une jeunesse sans repère, en proie aux bouleversements de la mondialisation, mais pourtant tournée vers l’avenir. Une ode scintillante à la jeunesse portée par une esthétique pop, fluo, mais surtout déréalisée qui travaille l’image numérique dans ce qu’elle a de plus anti-naturaliste. Le film est sélectionné par la Semaine de la critique du Festival de Cannes 2016, reçoit le prix de la Fondation Gan pour le cinéma et le Grand prix du Festival du film de Cabourg 2016.
Depuis 2017, Davy Chou est très actif dans la production des premiers films d’une nouvelle génération de cinéastes cambodgiens.
Par Arnaud Laporte – Radio France Culture – 28 janvier 2021
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