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Chars dans les rues, Internet coupé, la tension ne retombe pas en Birmanie

Alors que les manifestants continuent de réclamer la libération d’Aung San Suu Kyi, les militaires se sont livrés à une démonstration de force ce week-end en envoyant pour la première fois depuis le début du coup d’Etat des véhicules blindés dans plusieurs grandes villes du pays. Internet a également été coupé dans la nuit de dimanche à lundi.

“Le monde regarde”, alerte un communiqué commun de diplomates occidentaux en Birmanie publié dimanche. Internet a été coupé quelques heures plus tard dans un pays en proie à un coup d’Etat mené par l’armée depuis deux semaines.

Le Corriere della Sera raconte avoir échangé quelques minutes avec Zaw Myo Aung, l’un des leaders de la Ligue nationale pour la démocratie, le parti d’Aung San Suu Kyi. “La situation est très tendue, la ville est pleine de convois militaires”, a-t-il eu le temps de dire avant que la liaison ne soit interrompue. 

Des images de médias locaux montrent en effet la présence de véhicules blindés dans les rues de Rangoun, Myitkyina ou Sittwe. Il s’agit, rapporte le Guardian, de la “plus grande démonstration de force” depuis le 1er février. Vers une heure du matin, la connexion Internet est descendue à 14% de son niveau habituel, ajoute le quotidien britannique qui n’a pas réussi à joindre ses contacts sur place par mail ou messageries électroniques.

Internet avait déjà été bloqué le week-end précédent et restauré moins d’un jour plus tard. Pas franchement une surprise pour la Repubblica qui remarque “les régimes du monde ont tiré leur leçon du printemps arabe : Internet peut donner la liberté, d’abord de parole, puis d’action”.93 coupures ont été observées dans 21 pays l’an dernier, rappelle notamment le journal italien.

La crainte d’une “autre tragédie”

“Avec la nuit arrive la terreur”, prévient le New York Times à qui Ma Tharaphe, une fonctionnaire, confie qu’elle n’arrive plus à dormir parce que “tout peut arriver, ils peuvent nous tuer anonymement”. Le journal évoque “une guerre psychologique”. Samedi, l’armée a annoncé que les militaires et les policiers pouvaient fouiller n’importe quelle maison et garder en détention aussi longtemps qu’ils le souhaitaient les personnes arrêtées. A Rangoun et Mandalay, des témoins assurent avoir vu des hommes non-identifiés allumer des feux dans certains quartiers et fuir.

Rien pourtant qui n’empêche les manifestants d’”oser l’épreuve de force contre les putschistes”, peut-on lire dans la Frankfurter Allgemeine Zeitung. “Les généraux avaient probablement imaginé plus facile”, poursuit le quotidien allemand qui appelle à des “sanctions ciblées sur les actifs des généraux et de leurs partisans” pour les “ramener à la raison”. Alors que les manifestants ne “paraissent pas prêts à céder” et que “les putschistes n’ont pas peur de la violence”, la FAZ craint “une autre tragédie”

Car dans le passé, se souvient le Corriere della Sera, “l’armée birmane a toujours réagi par la force aux révoltes pacifiques”. Comme en 1988 ou en 2007. Le journal italien signale d’ailleurs que la nouvelle de l’atterrissage d’avions chinois “a suscité des inquiétudes”. Certains se demandent si ces appareils ont apporté des “armes et autres équipements mortels pour mettre fin à la rébellion”.

Parallèlement, le mouvement de désobéissance civil de la part des fonctionnaires grandit, insiste le Guardian. Des soldats ont été déployés près d’une centrale thermique près de la ville de Myitkyina pour disperser les manifestants. Ils ont tiré sur la foule mais la BBC n’était pas en mesure de confirmer qu’il s’agissait de balles réelles ou en caoutchouc.

Courrier International – 15 février 2021

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