Manifestations anti-putsch en Birmanie : 65 personnes condamnées à mort par la junte
Human Rights Watch a dénoncé la condamnation à mort de 65 personnes pour avoir participé aux manifestations s’opposant au coup d’Etat en Birmanie.
Depuis le 1er février et le coup d’Etat pour renverser le gouvernement d’Aung San Suu Kyi, la junte a condamné 65 personnes à mort en vertu de la loi martiale imposée. Human Rights Watch s’en inquiète ce mercredi : «La junte birmane a ajouté à ses fusillades massives de manifestants dans les rues des tribunaux militaires qui ont prononcé des douzaines de condamnations à mort après des procès scandaleusement injustes. Ces peines de morts qui ont visiblement pour but de calmer le mouvement anti-coup d’Etat et devraient être un avertissement sévère aux gouvernements étrangers : une action urgente est nécessaire pour montrer à la junte qu’elle sera tenue pour responsable de ses crimes», a alerté Shayna Bauchner, chercheuse au sein de l’ONG.
Sur les 65 peines de mort prononcées, 39 personnes ont été condamnées par contumace et 26 se trouvent dans les geôles de la junte. «Aucun appel pour les décisions ou condamnations prononcées» par un tribunal militaire n’est prévu par la loi birmane : tout recours revient à Min Aung Hlaing, le commandant de l’armée. Vingt-trois crimes sont jugés par la cour martiale mise en place après le coup d’Etat, dont meurtre, viol, vol, trahison ou corruption.
75 enfants tués par la junte
Depuis le 1er février, près de 5300 manifestants ont été placés en détention par le régime. Le Comité des droits de l’enfant des Nations unies a dénoncé le «meurtre» de 75 enfants par la junte, assurant que 1000 seraient en outre détenus. «Les enfants de Birmanie sont assiégés et risquent de subir des pertes de vie catastrophiques à cause du coup militaire. Les enfants sont exposés chaque jour à une violence aveugle, à des tirs aléatoires et à des arrestations arbitraires. Ils ont des armes à feu pointées sur eux et voient leurs parents et leurs frères et sœurs subir le même sort», a déploré la semaine dernière Mikiko Otani, la présidente du Comité.
Mardi, un proche d’Aung San Suu Kyi incarcéré depuis le coup d’Etat, est décédé du Covid-19 : Nyan Win, 78 ans, avait contracté le virus en prison. «Nous allons transformer notre chagrin en force pour aller de l’avant», a déclaré auprès de l’AFP Khin Maung Zaw, un des avocats de l’ancienne cheffe du gouvernement, elle-même assignée à résidence et mise en examen pour corruption, non-respect des restrictions liées au coronavirus et d’infraction d’une loi sur les télécommunications.
Par Kahina Sekkai – Paris Match – 21 juillet 2021
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