Birmanie : la visite d’un ex-diplomate américain ravive l’espoir pour le journaliste Danny Fenster
La visite de l’ex-ambassadeur des États-Unis à l’ONU ravive l’espoir de la libération de Danny Fenster, derrière les barreaux depuis le 24 mai dernier. Même s’il est officiellement en visite humanitaire privée, Bill Richardson est connu pour avoir négocié la libération d’otages américains dans le monde.
Le journaliste américain risque trois ans de prison pour « incitation à la dissidence » et « association illégale ». La junte n’a pas encore démontré la moindre volonté de le libérer.
L’ancien ambassadeur américain aux Nations unies a rencontré ce mardi 2 novembre le chef de la junte au pouvoir depuis le coup d’État du 1er février dernier. Selon la télévision étatique MRTV, ses discussions avec Min Aung Hlaing ont porté sur la prévention et le contrôle de la pandémie de Covid-19. Ce qui correspond à la justification officielle de la visite en Birmanie de l’Américain, venu pour discuter de « livraison de vaccins, de matériel médical et autres besoins de santé publique ».
Tout en l’encourageant, le Département d’État a mis un point d’honneur à préciser que Bill Richardson était en visite privée. Comme d’autres pays, les États-Unis ne veulent pas envoyer d’émissaires officiels pour ne pas être soupçonnés de reconnaître le régime putschiste.
Cependant, Bill Richardson est aussi connu pour ses talents de négociateur. Ancien ministre de Bill Clinton dans les années 1990, il s’était notamment rendu deux fois en Corée du Nord pour obtenir la libération d’Américains détenus dans ce pays. En Birmanie, il a rencontré Aung San Suu Kyi en 1994. Vingt-cinq ans plus tard, il avait brièvement accepté de faire partie d’un comité consultatif sur la crise des Rohingyas, dont il avait rapidement claqué la porte.
La mission de l’ancien diplomate à Rangoun a donc naturellement ravivé l’espoir qu’il négocie discrètement avec la junte pour libérer Danny Fenster, détenu dans le pays depuis cinq mois.
Combat familial
Depuis l’arrestation du journaliste américain de 37 ans, rédacteur en chef du site d’information Frontier Myanmar, à l’aéroport de Rangoun le 24 mai dernier, sa famille et surtout son frère Brian militent sur internet et dans les médias pour sa libération. Ils partagent publiquement leur combat, leurs émotions, racontent les jours plus difficiles que d’autres pour Danny et l’espoir renouvelé à chaque audience, rapporte notre correspondante à Rangoun, Juliette Verlin.
Les audiences – il y en a eu une dizaine – mais seulement deux apparitions de Danny Fenster en présentiel. Sa famille n’a pas pu lui parler depuis un mois : impossible de savoir les raisons exactes derrière les accusations officielles contre lui.
L’Américain originaire de Détroit a débord été accusé « d’incitation à la sédition » pour avoir propagé, selon les autorités birmanes, des « informations fausses ou incendiaires ». Pour cela, il risque trois ans de prison ferme. S’est ajouté par la suite un deuxième chef d’accusation sous le coup de la « loi sur les associations illégales », sans plus de précisions. Là aussi, il encourt de deux à trois ans d’emprisonnement.
Libération sous caution ?
La pression pour libérer Danny Fenster s’inscrit dans une campagne plus large en faveur de la liberté de la presse puisqu’à chaque slogan « Libérez Fenster » ou « Ramenez Danny à la maison » est accolée la phrase « Protégeons la presse ». Le gouvernement américain et plusieurs organisations de défense de la liberté de la presse ont fait pression pour la libération du rédacteur en chef de Frontier Myanmar, tout comme celle d’autres reporters enfermés depuis le coup d’État militaire.
Avec cette campagne qui mêle combat personnel et politique, la famille espère que l’attention sur le procès de Danny ne se relâchera pas et que sa libération restera au cœur des conversations de diplomates, comme Bill Richardson. Ce dernier est à Rangoun ce mercredi 3 novembre, jour d’une nouvelle audience de Danny Fenster. Il est attendu que le juge se prononce sur la possibilité d’une libération sous caution.
Radio France Internationale – 3 novembre 2021
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