Le gouvernement cambodgien dénonce la mauvaise gestion des ordures
Un nouveau rapport du ministère de l’Environnement cambodgien souligne de graves problèmes dans le traitement des déchets dans le pays. 36 % des ordures ne sont pas jetées convenablement.
Le Cambodge produit environ 10 000 tonnes de déchets par jour et cette quantité augmente sans cesse. Selon Neth Pheaktra, le secrétaire d’État du ministère de l’Environnement, la quantité de déchets générés en 2022 a augmenté de plus de 4 millions de tonnes, soit une augmentation de 10 ou 15 pour cent par rapport aux années précédentes.
Cette profusion de déchets pose des problèmes majeurs, que ce soit dans leur collecte ou dans leur traitement.
Selon le rapport du ministère de l’Environnement, 36 % des déchets ne sont pas jetés convenablement :
Les 36 pour cent restants sont jetés dans différents endroits de manière désordonnée, y compris dans l’eau et dans les sites publics.
Manque de performance dans le traitement des déchets
Le rapport du ministère indique aussi que les administrations infranationales et les prestataires de services de collecte des déchets manquent d’expérience, de méthodes et de ressources dans la gestion de leur collecte.
Dans certaines communes, le rapport constate qu’il n’y a pas assez de lieux de décharges et que la plupart des décharges sont sauvages. Le taux de recyclage reste faible, avec seulement six pour cent de la quantité produite.
Actuellement, le Cambodge compte sept sites d’enfouissement pour les ordures et les déchets solides. Ils se trouvent dans les provinces de Sihanouk, Kep, Kampot, Kampong Chhnang, Pursat, Battambang et Kampong Thom. Trois autres sont en cours de construction dans les provinces de Kratie, Steung Treng et Banteay Meanchey.
Huit autres sites ont été planifiés dans les provinces de Kandal, Kampong Speu, Siem Reap, Kampong Cham, Svay Rieng, Poi Pet, Koh Kong, ainsi que la ville de Bavet.
Selon un rapport publié par le département général de l’administration pour la conservation et la protection de la nature du ministère, le pays compte 112 décharges de déchets solides et 673 centres d’achat de déchets.
Sanctionner des comportements nuisibles
Pour Heng Kimhong, écologiste et responsable du programme de recherche et de défense du Réseau de la jeunesse cambodgienne, la gestion des déchets n’a pas montré d’amélioration significative en termes de décharges, de collecte et de gestion. Dans certaines zones où les habitants ont recours à des services de collecte privés, le processus est lent et des tas d’ordures sont jetés dans les lieux publics, notamment les rivières ou les étangs.
Il préconise que les personnes qui jettent des déchets n’importe où soient sanctionnées par une amende.
Le traitement des déchet est un problème récurrent
Il n’est pas une année sans que les autorités , les ONG , les organisations supra-gouvernementales ne lancent des cris d’alerte, ou prennent des mesures contre ce qui nuit à la beauté du pays (et donc au tourisme) mais aussi à la santé des habitants.
La croissance économique du Cambodge et avec elle, la consommation de ses habitants ont suivi un rythme bien plus rapide que celui de la prise de conscience de devoir protéger son environnement. Selon une étude de l’ONG italienne ACRA publiée en 2015, chaque Phnom penhois consommait en moyenne 2000 sacs plastique par an, soit 10 fois plus que les habitants de l’Union européenne.
Depuis 2018, le gouvernement royal du Cambodge promeut les 4R – Refuser, Réduire, Réutiliser et Recycler – pour lutter contre la pollution plastique. Il a introduit une petite taxe sur les sacs en plastique distribués dans les supermarchés et les centres commerciaux.
Cette taxe a permis de réduire l’utilisation de ces sacs de plus de 50%.
La solution à ce problème semble donc se trouver dans une meilleure information de la population, une réprimande des comportements nuisibles mais aussi des investissements dans les systèmes de collectes, de traitement et de recyclage des déchets. Elle nécessite la mobilisation de chacun, du particulier au gouvernement en passant par tous les acteurs de la société civile, pour guérir le Cambodge de cette plaie qu’est le dépôt d’ordures sauvages.
Lepetitjournal.com – 3 novembre 2022
Articles similaires / Related posts:
- Les ordures s’accumulent dans les rues de la capitale. Un millier d’employés de l’entreprise de collecte des déchets Cintri sont en grève depuis quatre jours pour réclamer des avantages alors que la mairie examine le contrat exclusif de collecte des déchets de l’entreprise pour la capitale. ...
- A Phnom Penh, le béton asphyxie le fleuve Mékong Au sud de la capitale du Cambodge, deux méga projets immobiliers réduisent d’un tiers la largeur du fleuve. Les conséquences pour l’environnement s’annoncent dramatiques....
- Quand L’élite cambodgienne ensable les lacs de Phnom Penh Les étendues d’eau de la capitale du royaume khmer sont remblayées et morcelées pour laisser place à des projets immobiliers de luxe qui profitent à quelques nantis alors que le reste de la population s’enlise dans la pauvreté....
- La naissance d’un dauphin à Kratie redonne espoir Inscrit sur la Liste rouge des espèces menacées de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) depuis 2004, le taux de mortalité du dauphin de l’Irrawaddy inquiète. La récente naissance d’un delphineau dans la province de Kratie est donc synonyme d’espoir pour la préservation de l’espèce....
- En vingt ans, le Cambodge a vu pousser des forêts de gratte-ciel Meurtri par plusieurs décennies de guerre, le petit royaume connaît un développement fulgurant depuis une vingtaine d’années. Plus de 2 500 immeubles de plus de cinq étages ont été construits durant ce laps de temps, dotant notamment Phnom Penh d’une “skyline” digne des autres capitales asiatiques....