Cambodge. Le principal opposant politique, condamné à 27 ans de prison, fait appel
Kem Sokha a fait appel de sa condamnation à 27 années de prison. L’opposant au pouvoir estime que le Premier ministre Hun Sen cherche à l’écarter de la vie politique avant les élections prévues au mois de juillet.
Le chef de l’opposition au Cambodge Kem Sokha a fait appel de sa condamnation à 27 ans de prison pour trahison, ont indiqué ses avocats, qui ont dénoncé un verdict « injuste ».
« Il a fait appel du verdict parce qu’il est injuste », a déclaré Meng Sopheary, l’une des avocates de Kem Sokha.
L’opposant « a refusé d’accepter cette condamnation injuste qui l’a déchu de nombreux droits », notamment politiques, a insisté Ang Udom, un autre de ses conseils.
Kem Sokha (69 ans), condamné début mars à 27 ans derrière les barreaux, était accusé d’avoir comploté avec des agents étrangers dans le but de renverser le gouvernement du Premier ministre Hun Sen.
Il a été placé sous résidence surveillée, avec l’interdiction de rencontrer qui que ce soit, à l’exception des membres de sa famille.
Le cofondateur du Parti du salut national du Cambodge (PSNC), aujourd’hui dissous, a toujours nié les accusations contre lui.
Des groupes de défense de droits de l’homme ont dénoncé un verdict politique, visant à l’écarter du scrutin national prévu en juillet, auquel candidate Hun Sen, au pouvoir depuis plus de 38 ans.
L’homme fort du Cambodge, accusé par des observateurs internationaux d’avoir fait reculer les libertés fondamentales et d’utiliser la justice pour réprimer toute voix contestataire, s’est vanté fin mars de sa longévité au poste.
« J’ai d’abord battu le record du plus jeune Premier ministre il y a 38 ans. Maintenant, j’ai battu un autre record, celui du Premier ministre le plus longtemps au pouvoir dans le monde », a-t-il assuré lors d’une cérémonie de remise de diplômes.
Deux mois après l’arrestation de Kem Sokha en 2017, la Cour suprême cambodgienne a dissous son parti, le PSNC, alors considéré comme un adversaire de taille pour battre le mouvement de Hun Sen.
Sans opposition solide, l’élection de 2018 a été un raz-de-marée pour le parti au pouvoir, qui a remporté la totalité des sièges de l’Assemblée nationale.
Excuses d’un opposant
L’un des deux opposants cambodgiens arrêtés fin mars pour « outrage au roi » Norodom Sihamoni et d’incitation à la haine à la suite de publications sur Facebook a présenté ses excuses et obtenu sa libération quelques jours plus tard.
Yim Sinorn, proche du chef de l’opposition Kem Sokha, a publié une lettre ouverte d’excuses au roi et au Premier ministre Hun Sen, homme fort du régime depuis 1985, leur demandant pardon pour son « erreur non intentionnelle ».
Un juge a ensuite ordonné aux dirigeants de la prison où il était retenu « de libérer l’accusé Yim Sinorn » à la suite d’une décision de libération sous caution, selon le document judiciaire.
Yim Sinorn avait été inculpé mercredi 22 mars 2023 dernier d’« outrage au roi » pour avoir publié les propos suivants sur Facebook : « A écouter des gens dans les cafés, aujourd’hui nous pouvons clairement voir qui est le vrai roi ».
Un autre militant, Hun Kosal, avait été également interpellé et visé par les mêmes chefs d’inculpation pour d’autres commentaires publiés sur le même réseau social.
Les militants ont écrit ces messages au lendemain de la participation de Norodom Sihamoni, du Premier ministre Hun Sen et d’autres hauts responsables du gouvernement à une cérémonie officielle retransmise en direct à la télévision au temple d’Angkor Wat.
Les défenseurs des droits de l’homme avaient précédemment averti que la promulgation de la loi sur le crime de lèse-majesté de 2018, qui prévoit des peines d’un à cinq ans de prison, pourrait être utilisée pour cibler la dissidence.
Ses détracteurs affirment que Hun Sen, l’un des plus anciens dirigeants au monde, a fait reculer les libertés démocratiques depuis son arrivée au pouvoir en 1985, en utilisant les tribunaux pour étouffer l’opposition.
Ouest France avec Agence France Presse – 10 avril 2023
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