L’Inde veut clôturer sa frontière avec la Birmanie
L’Inde veut ériger une clôture le long de sa longue et poreuse frontière avec la Birmanie, abandonnant un accord de libre circulation sur la zone frontalière, ont rapporté dimanche 21 janvier les médias indiens.
Cette annonce, faite par le ministre de l’Intérieur indien Amit Shah, intervient après que des centaines de soldats birmans, qui fuyaient des attaques de groupes ethniques minoritaires, ont traversé la frontière indienne.
Le gouvernement a «décidé de clôturer toute la frontière ouverte entre l’Inde et la Birmanie», a déclaré Amit Shah samedi lors d’une visite dans l’État d’Assam, dans le nord-est du pays, selon une vidéo publiée par le Times of India. Cette frontière s’étend sur plus de 1200 kilomètres, à travers la jungle et des sommets enneigés de l’Himalaya.
Amit Shah, qui n’a donné aucun détail sur le calendrier ni sur la manière dont la clôture serait construite, a indiqué que le gouvernement mettrait également fin à un accord de libre circulation entre les deux pays. L’accord permet aux résidents des zones frontalières de se déplacer sur des distances limitées sur le territoire du pays voisin sans visa. «Nous allons mettre fin à ce système», a déclaré Amit Shah.
Affrontements fréquents
L’Inde a déjà clôturé plus de 2000 kilomètres de frontière avec le Pakistan et au moins 3100 kilomètres avec le Bangladesh, selon des statistiques gouvernementales datant de 2021.
Certaines zones de Birmanie proches de la frontière indienne ont connu de fréquents affrontements depuis que les combattants de l’armée d’Arakan (AA) ont attaqué les forces gouvernementales en novembre, mettant fin à un cessez-le-feu largement respecté depuis le coup d’État militaire qui a placé au pouvoir la junte birmane en 2021.
En octobre, une alliance comprenant des combattants de l’AA et d’autres minorités ethniques a lancé une offensive conjointe dans le nord de la Birmanie, s’emparant de sites cruciaux pour les échanges commerciaux à la frontière chinoise.
Début janvier, l’alliance a annoncé un cessez-le-feu négocié par la Chine, mais celui-ci ne s’applique pas aux zones proches de la frontière indienne, où les combats se poursuivent.
Le Figaro avec Agence France Presse – 21 janvier 2024
Articles similaires / Related posts:
- Un royaume, deux pays: le rêve d’unité des Nagas d’Inde et de Birmanie Un labyrinthe de vallées étroites, de forêts semi-humides et de crêtes nimbées de brume : Tonyei Phawng, roi des Konyaks, une tribu naga d’anciens chasseurs de têtes, règne sur une quarantaine de villages scindés entre l’Inde et la Birmanie, un royaume très disparate qu’il rêve de réunir....
- La Birmanie prête à accepter le retour de 1 000 réfugiés rohingyas La junte au pouvoir en Birmanie s’est dite prête, ce mercredi, à accepter le retour d’un millier de Rohingyas réfugiés au Bangladesh. Une annonce accueillie avec scepticisme par les concernés....
- Birmanie : au cœur de la résistance Antoine Védeilhé est parvenu à s’infiltrer dans les montagnes de l’État Chin, à l’ouest de la Birmanie. Il signe un reportage remarquable diffusé sur Arte....
- L’œil attentif de Pékin sur les troubles en Birmanie, « quasi Etat satellite » de la Chine Une alliance de groupes ethniques minoritaires a lancé une offensive au nord de la Birmanie et la Chine a rapidement fait part de son « vif mécontentement »...
- « Est-ce le début de la fin pour la junte birmane ? » Guillaume de Langre, ancien conseiller à l’énergie du gouvernement civil birman, propose un état des lieux de la situation en Birmanie, où la junte arrivée au pouvoir en 2021 essuie de sérieux revers. Si la junte « vacille », rien n’assure que le pays pourra se stabiliser à court terme....