Le Cambodge, un futur ex pays rural ?
Dans l’album du monde, feuilleté en diagonale par le touriste pressé, quelles images voit-on encore aujourd’hui du Cambodge ?
À coup sûr, celles de vertes rizières alanguies au pied de phnom, parsemées, ici et là de maisons sur pilotis habitées d’enfants insouciants et entourées de bouquets de palmiers à sucre, la cime chatouillant des nuages nonchalants. Sans doute aussi, celles des temples millénaires enracinés dans les mystères du passé qu’éclairent des sourires envoûtants.
Voilà qui doit être revu. Certes, des petits coins de campagnes reproduisant à la perfection les temps anciens subsistent et les ruines des temples vont tenir debout encore quelques décennies.
Mais une mue radicale s’opère de jour en jour.
Selon des projections récentes du ministère de la planification territoriale, de l’urbanisme et de la construction, la population urbaine du Cambodge passera à 7,92 millions d’ici 2030, représentant 44% de la population totale, contre 6,13 millions ou 39,5% en 2019.
Donc, demain, puisque 2030 c’est demain, presque la moitié des habitants du royaume, vivra dans des agglomérations urbaines. Lesquelles vont manger la campagne, les espaces côtiers et forestiers.
Du très neuf va remplacer du très vieux et ce n’est pas nécessairement une mauvaise chose. Et ce Cambodge bouillant de ciment et de goudron attire investisseurs et promoteurs, d’ici ou d’ailleurs. Les secteurs de l’immobilier et de la construction sont devenus le principal moteur de l’économie. Selon les ministères, les investissements dans la construction ont atteint 24 milliards de dollars au cours des cinq dernières années.
Avec cette pluie dollars, ce qui a mis cinq ou six générations à s’accomplir dans d’autres pays, va l’être ici en deux. À peine le temps d’y réfléchir que c’est déjà fait. Pression sur les infrastructures et les ressources naturelles, gestion de déchets, prévention des catastrophes en période de réchauffement climatique, etc., les défis à relever ne manquent pas pour construire un environnement vivable pour les populations urbaines, sans que cela soit au détriment de celles des zones rurales.
Le Cambodge de demain, heureux ou malheureux, se fabrique indéniablement dans ses villes en gestation. Mais aussi dans ses campagnes que la nostalgie ne suffira pas maintenir en vie.
Lepetitjournal.com / Cambodianess – 27 Août 2022
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